• Prélude au lycée : Ecole Robespierre...

    Il y a toujours un avant !... Avant le lycée Charlemagne, il y a eu l'école primaire, et plus précisément l'école Robespierre d'Ivry-sur-Seine, de 1949 à 1954. C'est là que j'ai appris à lire, à écrire. Je n'ai jamais connu l'école maternelle, d'où une double surprise en entrant au CP : la première fut de constater qu'il y avait... des grands ! Je n'avais pas conçu la durée de la scolarité : entrant à l'école, je pensais n'y trouver que des enfants de mon âge !...La deuxième surprise fut bien plus pénible  : Pas de filles à l'école ! Rien que des garçons ! Là, je m'y attendais encore moins ! Il y avait pourtant plein de filles dans ma rue, où j'avais autant de copines que de copains ! ...Et là, rien que des mecs ! Que faire contre ce coup du sort ?.. Travailler, travailler pour oublier ! C'est ce que je fis ! Notre institutrice, madame Vernisse, avait une méthode bien particulière pour nous alphabétiser : elle avait divisé les lettres de l'alphabet en deux catégories : les voyelles, qui étaient des dames.. et les consonnes qui étaient des messieurs. Pour lire, comme pour écrire, il suffisait donc de faire des mariages ! Le mariage d'une dame voyelle avec un monsieur consonne, ça donne des enfants : les syllabes ! Ensuite, il n'y a plus qu'à unir les syllabes, et on obtient... des mots ! Elémentaire !... Evidemment, dans ces rencontres littéraires en tout bien tout honneur, la parité hommes/ femmes était loin d'être réalisée : il y avait peu de voyelles et bien plus de consonnes, bien moins de dames que de messieurs ; aussi les dames voyelles devaient accepter de s'unir à plusieurs messieurs consonnes sans se crêper le chignon ! Quant aux messieurs consonnes, ils devaient faire montre de tolérance et d'ouverture d'esprit : ils devaient se partager les dames voyelles, sans jalousie exacerbée !...  J'aimais l'école et le travail ; il faut dire que mon père m'y encourageait, notamment en écrivant des textes qu'il me lisait, des petites rédactions qui me semblaient bien jolies et qui me donnaient l'envie de les imiter... Et puis il avait aussi un argument pour me faire travailler, une menace qu'il brandissait parfois, toujours la même : - " Si tu ne travailles pas bien, je te mets au Prytanée militaire de La Flèche" !!!...  Mon père, en tant qu'ancien militaire de carrière, avait effectivement ce redoutable "privilège" :  mettre ses enfants en pension, dans un internat militaire, dont il me détaillait parfois la discipline stricte ! J'imaginais avec terreur ce Prytanée comme une prison, voyant des dortoirs immenses et non chauffés, des exercices physiques  dans une cour glaciale !.... Pour conjurer cette menace, je m'efforçais  donc de rapporter le plus souvent à la maison la croix d'honneur épinglée sur ma blouse grise : cette décoration était plus qu'une récompense, c'était un talisman, j'y tenais, il me préservait de La Flèche ! Et c'est ainsi que, chaque année, au moment de la distribution des prix dans la Salle des Conférences d'Ivry, je recevais une pile de beaux livres entourés d'un ruban rouge ! On me faisait monter sur la scène pour les chercher ; puis, chargé de mes bouquins, je redescendais le petit escalier, et au premier rang de la salle, je recevais l'accolade de Georges Marrane, le maire d'Ivry, qui me souhaitait de bien travailler ! Les jeunes années passent vite, et bientôt le Cours moyen deuxième année s'achèverait, et mon institutrice, Odette Mas l'avait décidé : j'irais au lycée, à Charlemagne !.... ça a l'air simple comme ça, à dire ! Quoi de plus banal qu'une entrée en sixième de nos jours ? ! Oui, mais...on était en 1954 !... Et ce ne fut pas si simple !


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