• Raymond Arveiller fut mon prof de Lettres : Français et Latin, en classe de quatrième et en classe de troisième, entre octobre 1956 et juin 1958.

     


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  • Tu iras à Charlemagne ! Telle avait été la décision de cette brave Madame Mas, mon instit du CM2 !  Au vu de mes résultats scolaires, sa décision était prise ! Je ne sais pas pourquoi elle avait choisi ce lycée ! C'était chez elle une constante. Elle envoyait ses meilleurs élèves au lycée, et pas n'importe quel lycée : toujours le lycée Charlemagne ! Quand je parle "d'envoyer au lycée", précisons une chose pour les plus jeunes qui liraient ce texte : l'entrée en sixième au lycée n'était pas une simple formalité administrative ! Le lycée n'était comme aujourd'hui un dépotoir ni un fourre-tout en attendant l'ANPE ! Non, non, c'était un vrai enseignement ! et donc, il fallait montrer qu'on aurait les capacités à le suivre, en passant les épreuves d'un examen d'entrée ! Rude formalité !  Ce n'était pas gagné d'avance !...Pour moi, il y eut une  épreuve supplémentaire, car il y avait un autre obstacle à franchir : celui des parents ! Car le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne se montrèrent nullement favorables à ce projet ! En cette époque des années 50, l'entrée au lycée n'allait pas de soi. Dans certains milieux humbles et banlieusards, les études, c'était...pour les feignants ! Le lycée  était une anomalie par rapport à la filière "normale" qui consistait à avoir son certif, puis à trouver du boulot dès 14 ans, à moins d'aller, à la rigueur, au cours complémentaire, ou à l'école d'apprentissage, option "bois" ou "fer" .... Impossible donc d'obtenir l'accord de mes parents ! Heureusement, mon institutrice était tenace ! Elle convoqua mes parents et leur fit part de sa proposition... Devant elle, ils n'osèrent refuser, car ils avaient une sorte de crainte devant le savoir, un respect de l'école et des maîtres ! Ce prestige de l'école me sauva du certif et de l'arrêt de mes études. C'était enfin une chose sûre : j'irais à Charlemagne. Il ne restait plus qu'à réussir l'examen d'entrée en sixième !


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  • Le 7 Ventôse an III (25 février 1795), la Convention, sous la férule de Lakanal, décide de créer trois écoles centrales, dont une dans les locaux de la Maison Professe de la rue Saint-Antoine. La pédagogie fait son retour sur le site le premier brumaire an VI (22 octobre 1797) et ne le quittera plus.

    Dans son oeuvre administrative, la révolution crée un cycle d'études laïc inspiré des théories des Lumières, qui exclut la religion et la morale, permet aux élèves le choix de leurs cours, inclut les sciences dans le cursus et ne fait plus des langues anciennes le pivot de l'éducation. Cette liberté n'est pas du goût de tous et la première querelle des anciens et des modernes de "l'éducation nationale" éclate.

    Le Premier Consul Bonaparte réorganise les études dans une loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) et crée les lycées, un par département et quatre à Paris : le lycée Napoléon (Henri IV), le lycée Bonaparte (Condorcet), le lycée Impérial (Louis-le-Grand) et le lycée Charlemagne qui est donc né le 1er mai 1802.

    La loi du 1er mai 1802 précise : "on enseignera dans les lycées les languues anciennes, la rhétorique, la logique, la morale et les éléments des sciences mathématiques et physiques. Il y aura, dans les lycées, des maîtres d'études, des maîtres de dessin, d'exercices militaires et d'arts d'agrément".

    Le décret organique du 17 mars 1908 stipule que les études au lycée seront sanctionnées par un examen, premier grade universitaire : le baccalauréat.

    La vie des lycéens est organisée autour de l'internat. Cependant le lycée Charlemagne n'en est pas pourvu. Les élèves provinciaux, sont contraints de trouver un hébergement extérieur à l'établissement dans des institutions (sorte d'internats privés où les élèves sont hébergés et où les cours sont "répétés") : la plus importante d'entre elles, l'institution Massin, légua à sa fermeture le bronze de Silène et Dionysos érigé au chevet de l'église Saint-Paul Saint-Louis.

    Après la vie mouvementée de la Maison Professe, celle du lycée Charlemagne sera intimement liée à l'histoire. Les révolutions et les révoltes des "trois glorieuses" de 1830, plus récemment "mai 1968", ont fait vibrer les couloirs de l'établissement. Les guerres ont fauché de très nombreux élèves ou anciens élèves.

    Le Lycée Charlemagne, proche du quartier juif du Marais, a payé un lourd tribut durant les années noires de l'occupation et de la collaboration, lorsque triomphaient la haine, l'exclusion et la mort. Dans l'escalier d'honneur une plaque commémore le nom de        19 innocents qui n'avaient commis qu'un crime : être nés juifs.

     


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  • Il y a toujours un avant !... Avant le lycée Charlemagne, il y a eu l'école primaire, et plus précisément l'école Robespierre d'Ivry-sur-Seine, de 1949 à 1954. C'est là que j'ai appris à lire, à écrire. Je n'ai jamais connu l'école maternelle, d'où une double surprise en entrant au CP : la première fut de constater qu'il y avait... des grands ! Je n'avais pas conçu la durée de la scolarité : entrant à l'école, je pensais n'y trouver que des enfants de mon âge !...La deuxième surprise fut bien plus pénible  : Pas de filles à l'école ! Rien que des garçons ! Là, je m'y attendais encore moins ! Il y avait pourtant plein de filles dans ma rue, où j'avais autant de copines que de copains ! ...Et là, rien que des mecs ! Que faire contre ce coup du sort ?.. Travailler, travailler pour oublier ! C'est ce que je fis ! Notre institutrice, madame Vernisse, avait une méthode bien particulière pour nous alphabétiser : elle avait divisé les lettres de l'alphabet en deux catégories : les voyelles, qui étaient des dames.. et les consonnes qui étaient des messieurs. Pour lire, comme pour écrire, il suffisait donc de faire des mariages ! Le mariage d'une dame voyelle avec un monsieur consonne, ça donne des enfants : les syllabes ! Ensuite, il n'y a plus qu'à unir les syllabes, et on obtient... des mots ! Elémentaire !... Evidemment, dans ces rencontres littéraires en tout bien tout honneur, la parité hommes/ femmes était loin d'être réalisée : il y avait peu de voyelles et bien plus de consonnes, bien moins de dames que de messieurs ; aussi les dames voyelles devaient accepter de s'unir à plusieurs messieurs consonnes sans se crêper le chignon ! Quant aux messieurs consonnes, ils devaient faire montre de tolérance et d'ouverture d'esprit : ils devaient se partager les dames voyelles, sans jalousie exacerbée !...  J'aimais l'école et le travail ; il faut dire que mon père m'y encourageait, notamment en écrivant des textes qu'il me lisait, des petites rédactions qui me semblaient bien jolies et qui me donnaient l'envie de les imiter... Et puis il avait aussi un argument pour me faire travailler, une menace qu'il brandissait parfois, toujours la même : - " Si tu ne travailles pas bien, je te mets au Prytanée militaire de La Flèche" !!!...  Mon père, en tant qu'ancien militaire de carrière, avait effectivement ce redoutable "privilège" :  mettre ses enfants en pension, dans un internat militaire, dont il me détaillait parfois la discipline stricte ! J'imaginais avec terreur ce Prytanée comme une prison, voyant des dortoirs immenses et non chauffés, des exercices physiques  dans une cour glaciale !.... Pour conjurer cette menace, je m'efforçais  donc de rapporter le plus souvent à la maison la croix d'honneur épinglée sur ma blouse grise : cette décoration était plus qu'une récompense, c'était un talisman, j'y tenais, il me préservait de La Flèche ! Et c'est ainsi que, chaque année, au moment de la distribution des prix dans la Salle des Conférences d'Ivry, je recevais une pile de beaux livres entourés d'un ruban rouge ! On me faisait monter sur la scène pour les chercher ; puis, chargé de mes bouquins, je redescendais le petit escalier, et au premier rang de la salle, je recevais l'accolade de Georges Marrane, le maire d'Ivry, qui me souhaitait de bien travailler ! Les jeunes années passent vite, et bientôt le Cours moyen deuxième année s'achèverait, et mon institutrice, Odette Mas l'avait décidé : j'irais au lycée, à Charlemagne !.... ça a l'air simple comme ça, à dire ! Quoi de plus banal qu'une entrée en sixième de nos jours ? ! Oui, mais...on était en 1954 !... Et ce ne fut pas si simple !


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  •     Autour du lycée Charlemagne, et plus précisément le long du Collège (Le petit lycée), il existe, du côté de la rue des Jardins Saint-Paul, les vestiges d'une haute muraille de pierre... Non, elle n'a jamais été destinée à empêcher les lycéens de s'échapper ! Cette vénérable muraille qui a traversé huit siècles, est ce qui reste de l'enceinte de Philippe-Auguste, édifiée à partir de l'an 1190... Elle a été mise au jour en 1946, lorsqu'on a procédé à la démolition de tout un ensemble de bâtiments vétustes qui longeaient la rue des Jardins saint-Paul...

    Mais qui était Philippe-Auguste ?.. un roi de France, vous allez me dire ! Mais ne faites pas trop les malins, vous n'en savez guère plus, puisque la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié ! Vous êtes donc très cultivés, je n'en doute pas !... !...

    Le 1er novembre 1179, Philippe, un jeune adolescent à la chevelure flamboyante, âgé de 14 ans, était sacré roi par son oncle, archevêque. Le père de Philippe, Louis VII, terrassé par une hémiplégie, mais sauvé grâce à une rapide intervention du SAMU, ne put assister à la cérémonie. Il mourut l'année suivante, en 1180, à 46 ans, sans avoir eu le temps de cotiser 160 trimestres pour sa retraite de roi de France . Philippe, qui était l'enfant de la troisième épouse de Louis VII,  n'avait que 15 ans, mais aux âmes bien nées, etc... ... ( je vous renvoie à votre culture carolingienne, donc riche !...), il se lança dans de victorieuses expéditions. En 1181, à 16 ans, autre genre d'aventure ( et pas la moins périlleuse !...) : il se maria, épousant Isabelle de Hainaut,  une meuf canon, pleine de thunes,  fille du Comte de Flandre. Bien entendu, il connurent le bonheur : "Plus belle la vie", c'était la réalité pour eux deux, pas un feuilleton (Rappelons au passage que la télé n'existait pas encore au temps de Philippe-Auguste)... Ils eurent un enfant, et comme ils manquaient d'imagination, ils le prénommèrent Louis, en souvenir du grand-papa Louis VII, décédé avant d'avoir pu acheter une mobylette à son petit-fils, c'est des choses qui arrivent, hélas !... Et comme un malheur arrive rarement seul, Philippe se retrouva veuf à 29 ans, avec un chiard sur les bras ! D'autres en auraient profité pour toucher le RMI et se la couler douce avec une nouvelle copine rencontrée sur Meetic, pas lui ! Lui il se lança dans une croisade. En effet, le Sultan d'Egypte, un nommé Saladin, venait de remettre le grapin sur Jérusalem ! Philippe-Auguste s'allia avec Richard le roi d'Angleterre ( oui, vous avez bien lu ! C'est rarement nos amis ceux-là ! Mais bon, une fois n'est pas coutume...) Surnommé Coeur de Lion parce qu'il aimait beaucoup le camembert, Richard décida de guerroyer à Jérusalem. Par contre, Philippe-Auguste, ça l'embêtait de laisser Paris comme ça. Jérusalem était loin, il n'y avait ni TGV, ni avion... Il résolut donc de protéger Paris en construisant un rempart. 

    C'est ainsi que naquit l'enceinte de Philippe-Auguste. Large de 3 mètres à la base et haute de 9 mètres, elle comportait deux murs séparés, entre lesquels on avait mis des moellons et du ciment. Elle comportait une tour tous les 70 mètres et des portes, car il fallait bien pouvoir franchir la muraille d'une façon simple et conviviale quand on n'était pas un ennemi. Pour vous, Carolingiens chers à mon coeur, je puis vous livrer ce détail : une des portes s'ouvrait juste au 101 rue Saint-Antoine, l'entrée de notre lycée, en tout cas l'entrée officielle, celle-par laquelle donc on n'entrait jamais !... Voilà, je ne dirai rien d'autre sur Philippe-Auguste ! J'en ai parlé pour expliquer le pourquoi du comment du mur en ruine qui longe le Petit Lycée ! Si vous voulez en savoir plus sur Philippe-Auguste, allez sur internet et tapez Philippe-Auguste sur votre moteur de recherche favori ! C'est aussi simple que ça ! Ah si, un petit détail pittoresque : dans notre République, réputée une et indivisible, Philippe-Auguste est le seul roi de France... ayant donné son nom à une station du métro parisien : "Trop fort, le mec !" comme diraient les élèves de sixième de Charlemagne  aujourd'hui !...

    Pour la muraille de Philippe-Auguste, édifiée donc entre 1190 et 1200 environ, elle fut conservée lorsque, 150 ans plus tard, vers 1350 donc, Etienne Marcel puis Charles V firent édifier une nouvelle enceinte plus vaste. La muraille de Philippe-Auguste se trouva alors englobée peu à peu par des constructions, et on détruisit les portes qui entravaient la circulation.  Et de fait, le plus important vestige du mur de Philippe-Auguste est celui qui s'étend de la rue de l'Ave Maria à la rue Charlemagne, où s'élève une tour qui défendait la Poterne Saint-Paul permettant le passage du chemin qui menait à la chapelle saint-Paul. Cette tour est appelée tour Montgomery (une plaque est apposée sur le mur du collège), peut-être parce que le capitaine de la garde écossaise de Henri II, Gabriel de Montgomery, y fut enfermé, après avoir mortellement blessé le roi Henri II,  d'une lance dans l'oeil, au cours d'un tournoi qui était l'équivalent de notre télé-réalité. Montgomery fut libéré quelque temps plus tard. Mais comme la vengeance est un plat qui se mange froid, Catherine de Médicis, 25 ans plus tard, le fit décapiter alors qui s'était fait bêtement capturer (mais on n'est jamais capturé intelligemment, il faut bien le dire !..) alors qu'il était à la tête d'une troupe de protestants ! Quelle idée aussi de se faire protestant en pleines guerres de religion ! Il aurait pu attendre au moins l'édit de Nantes !... Mais bon, y toujours des gens pressés !... Pas très malin, ce Montgomery ! Mais qu'importe ! Vous savez tout de la muraille autour du lycée Charlemagne ! On va pouvoir passer maintenant à l'histoire du lycée... qui ne fut pas toujours un lycée !... Suspense !....


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